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L'école paroissiale de la rue Olivier-de-Serres

Une école paroissiale et un jardin d’enfants ont fonctionné durant de nombreuses années auprès de la paroisse de la Présentation 91 rue Olivier-de-Serres, Paris 15ème. L’école du jeudi avait été fondée par S.S. Shidlovsky et M.M. Sladkovsky durant l’hiver 1925-1926, à l’époque du boulevard du Montparnasse. Elle s’appelait « du jeudi » parce que les cours avaient lieu le jeudi, qui était alors un jour libre dans les établissements scolaires français. Elle avait pour but de conserver chez les enfants l’amour de la culture russe, de ess traditions, de son histoire. Déjà en 1928, les dirigeants de l’ACER percevaient le danger que présentait l’éloignement des enfants et des adolescents par rapport à la culture russe, un danger devant lequel il fallait réagir immédiatement : « Les enfants qui étudient dans les écoles des pays d’accueil perdent peu à peu l’habitude d’entendre leur langue maternelle. Ils ne vivent plus sous la bonne influence d’une vie stable, sont privés de l’influence éducatrice de la culture nationale, perdent leurs liens avec l’Église orthodoxe et avec la Russie. […] La tâche essentielle de notre vie est de réussir à transmettre à nos héritiers l’œuvre culturelle russe, ce qui est sacré à l’esprit russe, et ce au bénéfice de la Russie. »

Les matières enseignées à l’école russe étaient le catéchisme, l’histoire de la Russie, la langue russe (il existait même un programme de préparation des élèves aux examens d’état français pour la langue russe), l’histoire de la littérature russe, la géographie. Dans les années 1950, certaines matières enseignées étaient regroupées dans un cours sur la « connaissance de la patrie ». Les cours débutaient par la prière du matin, la matinée était dévolue aux petites classes (pour les enfants âgés d’environ 4 à 7 ans), l’après-midi était consacré aux grandes classes. Initialement, les manuels utilisés étaient édités en Union soviétique et remis aux élèves avec des pages collées entre elles, car y figuraient les portraits et les photos des dirigeants communistes. Et, bien sûr, les élèves étaient fort intrigués et cherchaient à décoller les pages pour braver l’interdit. Puis furent édités le «Cours d’histoire de la littérature russe» et l’«Histoire russe» de I. K. Yourieff, dactylographiés et ronéotypés (en 1965, cette dernière fut éditée par YMCA-Press), ainsi que le « Cours de grammaire russe » de A.M. Ossorguine. L’année scolaire se terminait par des examens, un office d’actions de grâce et une distribution de diplômes et de prix sous forme de livres russes pour les meilleurs élèves. En 1942, l’école comptait trente-cinq élèves ; en 1948, on comptait cinquante-cinq enfants inscrits et six enseignants ; en 1963, on dénombrait quatre-vingt-quinze enfants, douze enseignants et onze classes. Dans les années 1980-1990, les listes mentionnaient trente-cinq élèves, et lorsque, en 1998, il resta neuf élèves pour quatre enseignants, décision fut prise de fermer l’école.

Pendant de longues années, le catéchisme avait été enseigné par le père Alexis Kniazeff, qui, en septembre 1965, avait été nommé recteur de l’Institut de théologie Saint-Serge et dût quitter son service à l’église de la Présentation. Lui ont succédé le père Victor Yourieff, le père Igor Vernik – qui avait, selon le père Victor, un don particulier pour enseigner la parole de Dieu aux enfants –, le père Stéphane Knijnikoff, le père Vsevolod Dounaïeff et les dernières années, le père Nicolas Rehbinder.

Parmi ceux qui en soixante-dix ans d’existence de l’école y avaient enseigné de manière active, nous pouvons citer le père Vsevolod Dounaïeff (géographie), P.E. Kovalevsky (histoire), N.N. Romanoff, M.A. Levitsky, S.E. Miller, N.A. Terentieff, L.A. Grünau (langue russe), T.I. Smolensky (langue russe et chant), A.P. Jikhareff (langue russe), M.A. Antonoff, C.F. Garon, A.M. Kononoff (littérature), l’épouse du père Igor Z.I. Vernik (langue russe), l’épouse du père Victor I.K. Yourieff (histoire), S.V. Eltchaninoff (langue russe), M.M. Loukine et beaucoup d’autres, qui y ont œuvré de tout cœur, et ce pour une rémunération symbolique.

Une chorale d’enfants avait également été mise en place auprès de cette école. Elle était dirigée par Thaïs Ivanovna Smolensky, qui enseignait le chant liturgique. Le jeudi de la cinquième semaine du Grand Carême, cette chorale chantait seule la liturgie des Présanctifiés avec tous les prokiménons et les stichères. Ses membres passaient ensuite, en grandissant, dans la chorale de l’église, complétant ainsi les rangs des chanteurs. Ainsi, en 1959, le recteur notait : «Nous pouvons également nous réjouir du fait qu’il y a plus de jeunes et d’enfants que d’adultes dans la chorale d’église, qui compte en tout de quinze à trente personnes. Ceci grâce à un chef de chœur jeune et talentueux – Serge Spassky (le fils de Théodose Gueorguievitch Spassky) qui fait venir de jeunes chanteurs». Il est indispensable de préciser ici que la participation active des enfants et des adolescents aux liturgies avait toujours fait partie des traditions de la paroisse, que cela soit en tant que servants, qui pouvaient être de deux à huit pour un dimanche ordinaire et davantage les jours de fêtes, en tant que lecteurs à l’église ou chanteurs dans la chorale, en venant aider à décorer l’église pour les fêtes – particulièrement à l’occasion de Pâques – ou en aidant à préparer le vin de messe, le café après la liturgie et bien d’autres choses.

Les enseignants et les élèves de l’école montaient des spectacles pour enfants qui étaient ouverts à tous. Au programme du spectacle de février 1968, des vers de Y. Polonsky et des fables de Kryloff avaient été récités, les élèves avaient joué des scènes extraites du roman de I. Gontcharov « Le Précipice », une pièce de I. Kryloff « Une leçon aux filles ». Les élèves de la classe de terminale avaient lu des extraits du roman « Eugène Onéguine » d’A. Pouchkine. Un programme aussi fourni se déroulait en quatre parties, avec entracte et buffet.

Natalia Alexandrovna Terentieff a consacré beaucoup d’énergie et de temps pour la formation des enfants, la préparation des spectacles ; elle fut une des personnalités des plus marquantes de l’école. Beaucoup de ses élèves se souviennent encore du respect qu’elle inspirait et de la culture qu’elle leur a transmise.

Le soutien financier de l’école provenait de l’ACER, des quêtes de la paroisse, des parents. Un soutien conséquent venait également de Zemgor (« Comité des zemstvos et villes russes de secours aux citoyens russes à l’étranger »). Cet argent permettait d’acheter des livres et des cahiers, d’organiser les fêtes de l’école, les arbres de Noël et de rémunérer symboliquement les enseignants.

Durant de nombreuses années, l’école russe avait été dirigée par Alexandra Grigorievna Castillon (Jabtchenko). Membre dévoué de l’ACER, elle était professeur de formation et de vocation, ayant un vrai don de pédagogue. Elle savait écouter et respecter les enfants tout en étant sévère et exigeante. A.G. Castillon consacra à l’école ses forces spirituelles et physiques et en fut la dernière directrice.

Les enseignants à cette époque furent N.M. Boutleroff (histoire, géographie et langue russe), A.G. Barteneff, X.I. Krivochéine (langue russe), E. Dolgouchine et K. Tchalaev (culture musicale), N. Ivkoff (catéchisme et langue russe), ainsi que de nombreux autres enthousiastes.

Lorsque en 1998 fut prise la décision de fermer l’école, Alexandra Grigorievna demanda la bénédiction du recteur pour organiser une catéchèse les dimanches matin avant la liturgie. Elle organisa également la lecture des parémies le Samedi Saint par les jeunes paroissiens. Cette tradition est toujours vive dans la paroisse. De 1997 à 2003, Alexandra Castillon fut aidée par Olga Pichon-Bobrinskoy, Lydia D’Aloisio-Obolensky ainsi que par Daniel Lossky et Christophe D’Aloisio.

Aujourd’hui, le catéchisme continue à être enseigné aux enfants par tranches d’âge, l’âge des enfants allant de 4 à 17 ans. Après une prière commune, les enfants et les enseignants se répartissent en groupes. Ils apprennent l’Ancien et le Nouveau Testament, l’année liturgique, la vie des saints, le slavon, le chant choral. Et les paroissiens se regroupent pour organiser chaque année un arbre de Noël ouvert à tous les enfants, qui continue à faire le bonheur des petits et des grands.

Photos de l'école russe de la rue Olivier de Serres