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Centenaire de l'archevêché des églises Orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

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Archiprêtre Igor Vernik

L'archiprêtre Igor Vernik

© Photo Nadia Lebedeff

Le père Igor est né le 24 février 1911 à Novotcherkassk dans la région du Don. Il fut ordonné diacre par le métropolite Euloge le jour de la fête du Saint Esprit en 1943, ordonné prêtre par l’évêque Cassien le jour de la fête de la martyre Tatiana en 1948 dans l’église de la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple à Paris. Tout jeune homme encore, le père Igor avait adhéré à l’ACER. Il avait pleinement adopté les idées du Mouvement. Devenu paroissien de l’église de la Présentation du boulevard du Montparnasse, il avait pris part à quelques cercles et plutôt que d’intégrer une école supérieure d’ingénieurs, a finalement préféré s’inscrire à l’Institut de théologie, qu'il acheva en 1934.

Le père Igor a officié à l’église de la Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple durant trente-huit années. Il y avait été diacre de 1943 à 1948, puis adjoint du père Victor Yourieff de 1952 à 1966, et enfin recteur de 1966 à 1992. Durant toutes ces années, il a été un modèle d’humilité et de « simplicité de cœur », étant non seulement le directeur spirituel mais l’ami proche de nombreux paroissiens.

Pour gagner sa vie, le père Igor avait enseigné au Lycée russe de 1930 à 1940 et y avait acquis une expérience du travail avec les enfants qui lui fut précieuse. Son enfant chéri était l’église du centre d’accueil pour les enfants russes qui se trouvait d’abord à Villemoisson, puis qui avait dû déménager à Montgeron. Il avait été recteur de cette église et y avait enseigné le catéchisme de 1948 à 1955. Ce centre d’accueil avait été fondé par Sophie Mikhaïlovna Zernov pour les enfants sans parents. Le père Igor organisait avec le père Grégoire Svétchine des compétitions sportives. Ils étaient tous deux très proches des enfants, les enfants le sentaient et allaient vers eux. En plus de son activité à l’orphelinat, le père Igor travaillait beaucoup pour l’ACER avec L. A. Zander et le père Basile Zenkovsky.

Durant les premières années de son sacerdoce, le père Igor avait pris part à la fraternité anglo-russe Saint-Serge-Saint-Alban. Le métropolite Euloge, qui était coprésident de cette fraternité, en avait confié la direction spirituelle au père Lev Gillet en 1946. Cette première visite en Angleterre avait été suivie de rencontres, réunions et congrès dont témoignent de nombreuses photographies. Il n’avait aucune difficulté à communiquer dans la mesure où lui-même et son épouse Zénaïde Ivanovna parlaient couramment l’anglais.

L’archiprêtre Igor Vernik vivait pour sa paroisse, et sa famille faisait partie de sa paroisse. Il notait dans son agenda toutes les dates mémorables concernant ses paroissiens et leurs familles (anniversaires, jours de fête, dates de mariage et de décès). Cet agenda reste un témoignage émouvant de l’attention et de l’amour que le père Igor portait à tous ses paroissiens et aux amis de la paroisse. Il faut également noter qu’une place particulière était donnée dans cet agenda aux membres actifs de l’ACER, qui étaient responsables de différentes sphères d’activité du Mouvement.

Le père Igor avait d’autres obligations, liées à la vie du diocèse. Membre, puis président de la commission diocésaine de contrôle des comptes de 1954 à 1966, il avait été également membre du conseil de l’Archevêché. En 1971, il fut nommé doyen des paroisses de la région parisienne. Il accomplissait tout ce qui lui incombait, car, lorsqu’il avait été ordonné prêtre, il avait décidé qu’il accomplirait toutes les obligations d’un prêtre et toutes les demandes des hommes. Il n’y a jamais manqué. Cependant, il n’avait jamais porté la mitre, bien qu’elle lui fut conférée en 1978.

Il est remarquable de constater que le père Igor savait concilier, dans son service à l’église et à la paroisse, une parfaite humilité, une libre et authentique obéissance à la volonté divine et un intérêt des plus actifs pour la vie contemporaine, le monde extérieur, le sport et la musique qui le passionnaient, au point qu’il s’en faisait le reproche. Chaque année le 18 juin, pour la Saint Igor, se rassemblaient à Olivier-de-Serres des amis appartenant à toutes les générations pour fêter le père Igor.

L’équilibre entre le sens de l’Éternel et les préoccupations du présent donnait à ses actions plus de richesse et d’amplitude. Toute exaltation et onction lui étaient étrangères. Il était profondément russe, lisait beaucoup et s’intéressait à tout ce qui était édité en Occident sur la Russie et à tout ce qui était édité en Russie même. Il considérait Nikita Alexeievitch Struve comme son interlocuteur le plus intéressant dans ce domaine. Toutefois, sa « russité » n’empêchait pas le père Igor d’apprécier la pensée et la littérature françaises.

Dans ses rapports avec les autres, le père Igor était empreint de droiture et de sincérité, et possédait un vrai sens de l’humour, celui qui sait se moquer avant tout de lui-même. Lorsqu’il se moquait légèrement d’autrui, il était rare que quelqu’un en prenne ombrage, car tous sentaient qu’il y avait un fond de vérité dans ce qui avait été dit. De son propre aveu, le père Igor était fort sceptique quant à ses aptitudes à écrire : « Je ne sais pas écrire d’articles. De toute ma vie je n’ai pas réussi à en terminer un seul » … « Quel soulagement, je n’ai plus à me tourmenter » était sa réaction lorsqu’il apprenait que quelqu’un avait déjà écrit sur le thème demandé.

L’enseignement et les prédications du père Serge Boulgakov avaient laissé en lui une profonde empreinte, mais le père Igor n’était pas devenu pour autant un théologien, bien qu’il ait beaucoup aimé parler de théologie, en particulier des œuvres du père Georges Florovsky, avec qui il avait tissé des liens d’amitié. Il n’aimait pas prêcher, préférant prononcer des homélies toutes prêtes.

Le père Igor consacrait une grande partie de ses forces aux visites quotidiennes et surtout aux malades. Dans ses dernières années, il recevait l’aide du père Michel Ossorguine, qui le gâtait et apportait au père Igor et à sa matouchka de menus cadeaux. Il fut bientôt aidé en cela par Kamil Tchalaev, jeune homme discret arrivé à Paris en 1989 et envoyé par le père Michel à la paroisse.

Lorsque l’archevêque Georges (Wagner) avait libéré le père Igor de son rectorat, les paroissiens avaient eu beaucoup de peine à le laisser partir. Ils l’avaient chaleureusement remercié pour sa fidélité, sa fermeté, son authentique simplicité, sa présence constante tant concrète que spirituelle, son ouverture à tout et à tous. Ils avaient noté le plus important – l’amour réel et le don de soi du pasteur à Dieu et à son Eglise.