Listes des autres pages pères sprirituels et moniales
Informations de la page
Informations de la page
Protopresbytre Victor Yourieff
Le service de l’église était le fondement même de la vie du père Victor.
Il avait commencé par se mettre au service de la Patrie, puis ce service s'était développé, s’était élevé jusqu’à devenir le service de l’Église. Victor Andreevitch Yourieff est né le 4 septembre 1893 à Vladimir-Volynsky. Ayant terminé ses études à l’École d’artillerie Saint-Michel en 1913, Victor Andreevitch avait participé à deux guerres : la Première Guerre mondiale et la guerre civile. Il avait commandé, avec le grade de colonel, le train blindé de la 6e division et avait reçu l’ordre de Saint-Vladimir pour son exceptionnelle vaillance sur le champ de bataille. Ses collègues le tenaient en grande estime, s’inclinant devant son grand courage, sa sagesse et la vigueur de sa foi.
En 1920, Victor Andreevitch Yourieff avait été évacué avec l’Armée Blanche à Gallipoli (actuellement Gelibolu en Turquie) où il avait vécu deux ans avant de venir en France. Il a d’abord travaillé dans une usine au Creusot, puis dans un combinat métallurgique à Knutange où il y avait une église russe pauvre mais bien organisée. Cette église avait des liens étroits avec l’ACER,. Elle envoyait des délégués aux congrès et faisait venir des conférenciers. Le conseil paroissial avait octroyé une bourse à Victor Andreevitch pour faire des études à l’Institut de Théologie Saint-Serge, études qu’il avait achevées en 1933. En 1931, il avait épousé Inna Konstantinovna Krayevitch (1884-1962) ; en avril 1932, il avait été ordonné prêtre à la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, à Paris. Il avait officié à l’église de l’Institut de Théologie Saint-Serge jusqu’à la fin de ses études. Dès 1933, il avait été nommé recteur de la chapelle de l’Union des anciens de Gallipoli.
Lorsque des événements politiques graves n’avaient pas permis au père Serge Tchetverikov de revenir vers ses ouailles à Paris, c’est le père Victor, membre actif du Mouvement, qui avait été nommé recteur de l’église de la Présentation au Temple de la Très Sainte Mère de Dieu le 1er juillet 1937 et il l’est resté jusqu’à sa mort, en 1966.
Durant la guerre, le travail de l’ACER avait été interdit, et toute l’activité de ses membres s’était concentrée sur l’église même. Le père Victor avait organisé la vie de l’église selon les principes établis et laissés par le père Serge Tchetverikov. Les offices étaient célébrés chaque jour avec une liturgie et un office du soir, célébré la veille. Inna Konstantinovna avait pris la direction de l’école du jeudi, école qui avait accueilli cinquante, quatre-vingts et certaines années jusqu’à quatre-vingt-quinze élèves.
La situation des émigrés russes était particulièrement pénible pendant la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation. Le père Victor était alors en étroite relation avec des organismes d’aide sociale, en particulier avec le « Bureau d’aide » dirigé par Sophie Mikhaïlovna Zernov, qui luttait sans relâche avec les autorités pour la défense des Russes et surtout des enfants.
C’est au printemps 1942 qu’avait eu lieu l’ordination de V. V. Zenkovsky, puis sa nomination au poste d'adjoint du père Victor à l’église de la Présentation. Le service commun qu’assuraient ensemble le père Victor et le père Basile devant l’autel de Dieu était empreint du profond respect et de l’amour qu’ils se portaient l’un à l’autre. Cette période de la vie de la paroisse avait été très intense et heureuse.
Le père Victor était rempli de zèle pour la prière et priait beaucoup pour ses paroissiens, en particulier pour les malades et les défunts. Il avait à cœur de venir bénir les maisons des paroissiens à l’occasion de la fête de la Théophanie. Il visitait les malades et s’efforçait toujours de les aider. Il habitait avec sa matouchka dans le pavillon près de l’entrée, leur porte était toujours ouverte pour les indigents tant russes que français. Il écoutait chacun et donnait ce qu’il pouvait, bien qu’il eût fort peu de moyens. Le père Victor s’était fâché bien fort lorsque l’un des paroissiens avait tenté d’interdire à ces indigents de lui rendre visite.
En 1948, l’église comptait environ quatre cents paroissiens dont seulement deux cents s’acquittaient d’une cotisation. En 1947 et en 1948, le père Victor avait célébré avec le père Basile Zenkovsky, le père Alexis Kniazeff récemment ordonné et l’archiprêtre Georges Florovsky. Tout comme le père Serge Tchetverikov, le père Victor avait pris part à toutes les formes d’activité de l’ACER. Il avait dès 1932 participé aux camps de vacances pour enfants, il avait été aumônier du camp de garçons à La Napoule puis à Saint-Césaire et Saint-Theoffrey . Son activité pastorale semblait ne pas avoir de limites.
Pourtant, le père Victor avait également d’autres charges administratives. Il avait été pendant vingt ans membre du Conseil diocésain de l’Exarchat russe qu’il avait présidé durant cinq années. De 1951 à 1966, il avait dirigé le Comité diocésain pour l’éducation et avait été nommé doyen des paroisses de la région parisienne (1952-1960). Et bien sûr il était membre de l’Union des anciens de Gallipoli. Le père Victor acceptait ces charges avec tout son cœur et œuvrait en toute obéissance à son évêque avec le sens du devoir et de la responsabilité qui lui était propre. À l’église, en plus du père Basile Zenkovsky, il avait été secondé par le père Alexis Kniazeff, le père Georges Sérikoff (second prêtre-adjoint de 1941 à 1943) et le père Igor Vernik, nommé en 1959 adjoint permanent du recteur.
En décembre 1964, toute la paroisse avait fêté les vingt-cinq ans de la présence du père Victor au poste de recteur de l’église de la Présentation. À cette occasion, elle avait souligné son esprit de sacrifice, sa totale acceptation de la volonté divine, son amour exigeant mais plein de sollicitude pour tous les paroissiens et tous ses enfants spirituels.
Le protopresbytre Victor Yourieff est décédé le 6 août 1966 à l’âge de soixante-treize ans. Il avait pleinement confirmé par toute sa vie ce que le métropolite Euloge (Gueorguievsky) avait écrit à son sujet dans ses notes, publiées en 1947 : « C’est un prêtre admirable ! »