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Centenaire de l'archevêché des églises Orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

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Évêque Michel (Storogenko)

L'évêque Michel Storogenko

Photo archives archevêché

Mgr Michel (dans le monde Michel Alekseevitch Storogenko) était né en Ukraine le 16 septembre 1924. Par la suite, alors qu’il venait d’émigré en Belgique à la fin de la Deuxième guerre mondiale, il avait modifié sa date de naissance de cinq ans – 1929 – dans ses documents officiels, afin d’éviter le rapatriement de force en URSS prévu dans les accords de la conférence de Yalta, car dans ce pays les anciens citoyens soviétiques qui n’avaient pas atteint l’âge de la majorité légale n’étaient pas concernés par cette close. Déjà dans sa jeunesse à Kharkov, Michel Storogenko avait connu le sort terrible de ses concitoyens – la famine de 1933-1934 et les purges lors de la grande terreur stalinienne des années 1937-1938. Souvent il racontait comment, dans ces années, il entendait la nuit le bruit des camions du NKVD qui venaient arrêter des voisins et les emmener vers une destination inconnue.

A la fin de la Deuxième guerre mondiale, il réussit à émigrer avec les restes de l’armée allemande vaincue, en passant par la Pologne et l’Allemagne, pour arriver finalement en Wallonie (Belgique) dans un camp de personnes déplacées d’Europe de l’Est (D.P.), où il obtient un pénible travail dans les mines et les usines des environs de Liège-Charleroi. Là, il fit la connaissance des communautés paroissiales russes locales, que dirigeaient à l’époque l’archiprêtre Jean Bekitch (lui aussi issu de la deuxième vague de l’émigration), devenu par la suite métropolite de l’Eglise orthodoxe en Amérique, et l’archiprêtre Valent Romensky (de la première vague de l’émigration). C’est la visite dans ce camp de D.P. d’origine russe en Belgique effectuée, en 1948, par l’évêque Cassien (Bezobrazov), alors recteur de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris, et de l’archimandrite Savva (Chimkevitch), secrétaire diocésain auprès du métropolite Vladimir (Tikhonicky), qui va avoir un rôle décisif pour la suite de sa vie. Tous deux réussissent à le convaincre, ainsi que quelques autres compagnons d’infortune, parmi lesquels les futurs archiprêtres Georges Sidorenko et Jean Jankin, de venir à Paris pour étudier à l’Institut de théologie. Michel Storogenko termine ses études à l’Institut Saint-Serge en 1953, après avoir soutenu sa maîtrise en théologie sur le métropolite Philarète de Moscou, sous la direction du professeur Antoine Kartachev.

Déjà lors de ses études à l’Institut Saint-Serge, sa voix exceptionnelle de basse profonde avait été remarquée et il avait intégré la chorale de l’église Saint-Serge, dirigée par Michel Ossorguine, puis par son fils Nicolas Ossorguine. Après avoir amélioré sa technique vocale à l’école d’I. Rogovskaïa, il participe très régulièrement aux enregistrements de disques effectués par différentes chorales orthodoxes russes de Paris et des environs, ainsi qu’aux concerts et manifestations de bienfaisances des chorales de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky (sous la direction de Pierre Spassky, puis d’Eugène Evetz), de l’église Saint-Serge (sous la direction de Nicolas Ossorguine), du Chœur des Cosaques du Don de Patorjinsky et de la chorale de jeunes dirigée par Alexis Kirianenko. Après avoir épousé en juillet 1957 Irina Ivtchenko, il est ordonné diacre par l’évêque Cassien à l’église Saint-Serge, le 7 décembre 1957. Mais comme ni la paroisse Saint-Serge, ni plus tard la paroisse de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, n’avaient les moyens de lui assurer un salaire et un logement, il dut pendant de nombreuses années travailler dans des entreprises du secteur privé en tant qu’électrotechnicien.

Après le départ à la retraite du protodiacre Basile Degtiarioff en 1966, le diacre Michel Storogenko est nommé, par décret de l’archevêque Georges (Tarasoff), premier diacre titulaire à la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky à Paris et élevé au rang de protodiacre. En 1978, le même archevêque lui confère le droit de porter la kamilavka. Durant pratiquement trente années, le protodiacre Michel Storogenko a rehaussé la beauté des célébrations liturgiques à la cathédrale par sa voix, son chant, sa connaissance de l’ordo liturgique et, surtout, par sa capacité à accomplir tous les détails du service diaconal avec un grand sens de la solennité, de manière toujours précise et mesurée, sans recherche d’effets inutiles.

Après être devenu veuf en octobre 1990, le père Michel, déjà âgé, a accepté de devenir évêque vicaire de l’Archevêché des paroisses de tradition russe en Europe occidentale, comme le lui demandait instamment l’archevêque Serge (Konovaloff), qui avait besoin d’un auxiliaire fidèle au poste de recteur de la paroisse Saint-Serge-de-Radonège et de supérieur du Métochion Saint-Serge à Paris. Le 25 mai 1995 le protodiacre Michel Storogenko a donc été ordonné prêtre par l’archevêque Serge en la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, et, quelques semaines plus tard, il a prononcé les petits vœux monastiques. Après son élection par le Saint-Synode du Patriarcat de Constantinople et avec la bénédiction du patriarche œcuménique Bartholomée, il a été élevé à l’épiscopat avec le titre d’évêque de Claudiopolis. Son sacre épiscopal a eu lieu le 8 octobre 1995, en l’église Saint-Serge, sous la présidence de l’archevêque Serge. De 1995 à 2012, en plus de son service épiscopal à la paroisse Saint-Serge, Mgr Michel a également assuré la charge de doyen des paroisses et communautés de l’Est de la France.

Après la mort de l’archevêque Serge, survenue au début de l’année 2003, Mgr Michel a présenté sa candidature comme archevêque dirigeant l’Archevêché, mais l’assemblée générale diocésaine clérico-laïque, réunie le 1er mai de la même année, décidé à une large majorité de choisir pour cette fonction un autre auxiliaire de Mgr Serge, l’évêque Gabriel (de Vylder), ce qui fut ensuite entériné par le Saint Synode de l’Eglise de Constantinople. Après cela, Mgr Michel cessa de prendre part aux réunions du Conseil diocésain de l’Archevêché, dont il était membre de droit depuis 1995, et s’abstint désormais de prendre une part active à la vie de l’Archevêché en général, tout en continuant à célébrer régulièrement les dimanches et jours de fêtes à l’église Saint-Serge. En novembre 2009, par décret de l’archevêque Gabriel il fut libéré de sa fonction de recteur de la paroisse Saint-Serge compte tenu de son grand âge, mais lui fut conservé le titre honorifique de supérieur du Métochion Saint-Serge, par respect pour le service qu’il avait effectué durant tant d’années pour l’Église. Mgr Michel devait passer les dernières années de sa vie dans la maison de sa fille, près de Chartres. Il a souffert d’une grave maladie. De temps en temps, des prêtres de Paris venaient le visiter.