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Alexis Kirianenko

Alexis Kirianenko en 1955

Archives famille Gabard

Alexis Nicolaevitch Kirianenko est né le 17 septembre 1927 à Levallois-Perret dans la banlieue parisienne, dans une famille d’émigrés russes. Exceptionnellement doué de nature, Alexis Nicolaevitch avait dès son enfance témoigné d’un grand penchant pour la musique et faisait partie du chœur de sa paroisse à l’église russe de Boulogne-Billancourt. En plus de ses études à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris il travaillait le piano avec le professeur Constantin Lischke et l’harmonie avec le professeur Catoire au Conservatoire russe de Paris S. Rachmaninoff, qu’il termina en 1962. Il apprenait le chant avec Nina Yourievna Karandakoff, jouait de l’accordéon et dirigeait une troupe scoute formée de quatre patrouilles. Il avait été contemporain des dernières années de l’Opéra russe à Paris, avait chanté dans ses chœurs et participé aux spectacles. Il y avait fait la connaissance d’Alexandre Alexandrovitch Labinsky, qui a beaucoup contribué à sa formation musicale.

À partir de 1950 Alik Kirianenko suit, avec Serge et Nicolas Spassky une formation de chef de chœur et de lecteur auprès de Théodose Gueorguievitch Spassky, professeur à l’Institut de Théologie Saint-Serge de Paris, chantre et chef de chœur de l’église de la Présentation-de-la-Très-Sainte-Mère-de-Dieu-au-Temple. Après le départ de Th. G. Spassky en 1960, les chefs de chœur s’étaient succédés à l’église de la Présentation. Alexis Nicolaevitch avait apporté une certaine stabilité en dirigeant le chœur de cette église de 1962 à août 1964.

Dès son jeune âge Alexis Nicolaevitch avait adhéré au scoutisme russe et toute sa vie a été liée à la NORS (Association Nationale des Scouts Russes) dont il était un membre actif. En été tous les participants du camp NORS chantaient dans le chœur de l’église sous toile où officiait l’aumônier des scouts russes, le hiéromoine, devenu par la suite évêque, Romain (Zolotoff). Les chanteurs étaient dirigés par A.A. Kaminsky, puis par A. Fissotchenko. A. N. Kirianenko leur avait succédé en 1951. De retour à Paris après le camp d’été, les scouts et guides aînés demandèrent à continuer le chant d’église. À cette époque chaque paroisse avait son propre chœur, plus ou moins fourni. Rapidement, mettant en œuvre la devise des scouts aînés – servir, décision fut prise de servir les paroisses qui avaient besoin de chanteurs, celles des maisons de retraite en banlieue parisienne et les paroisses de province. C’est ainsi que naquit le concept de « chorale volante ». Sous la direction d’Alik Kirianenko tout le groupe de scouts et guides aînés se lance dans la constitution et l’étude des partitions voix par voix. Les répétitions ont lieu tous les vendredis dans la salle de la bibliothèque de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky à Paris. A. N. Kirianenko donne à la chorale un style inspiré des mélodies chantées à l’église Saint-Serge et de celles de Kiev, telles qu’enseignées par Th. G. Spassky. C’est ainsi que sont assurés les offices à la maison de retraite du Zemgor à Cormeilles-en-Parisis, à la chapelle du sanatorium de la Croix Rouge russe à Oussoulx près du Puy-en-Velay lors de la fête paroissiale, les vigiles, la liturgie et l’office en mémoire des défunts lors des pèlerinages au cimetière militaire russe de Saint-Hilaire-le-Grand (Mourmelon) et dans d’autres maisons de retraite en banlieue parisienne et en province. En plus des cantiques les plus souvent chantés au cours des vêpres, des matines et des liturgies, A. N. Kirianenko avait fait chanter à deux reprises la liturgie de Gretchaninov à l’église de la Présentation, ainsi que le Notre Père et deux chants du canon du ton 8 de A. A. Labinsky, également l’office du mariage de M. E. Kovalevsky ainsi que des chants de Gardner, Rachmaninov, Tchesnokov, Kastalsky, Kedroff…

En 1952-53 le conseil paroissial de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky avait pris la décision de reprendre la célébration des offices dans la crypte dédiée à la Sainte Trinité, qui venait d’être restaurée. Lorsque les fêtes majeures et les grandes fêtes tombaient en semaine, le père Alexandre Tchékan, conscient de la nécessité de tenir compte des activités professionnelles des paroissiens, avait décidé de célébrer les vêpres en fin de journée, à 19 h – 19 h 30 et les liturgies tôt le matin à 6h30 – 7h. Sous la direction de A. N. Kirianenko la « chorale des jeunes », qui prit alors le nom de « chorale de la Sainte-Trinité » y chantait les offices en slavon, jusqu’au décès de A. N. Kirianenko. Lors des fêtes de Pâques, Monseigneur Vladimir venait à la liturgie de minuit dans la crypte et à la fin de la liturgie remerciait et bénissait la chorale. En 1956 la liturgie pascale fut enregistrée par un scout français converti à l’Orthodoxie ; il en sortit un disque 45 tours intitulé « Les Pâques russes ».

1956-Crypte cath St Alexandre Nevsky-nuit pascale Chorale NORS

À partir de 1964 la crypte fut transmise à la communauté francophone.

Le talent musical d’Alexis Nicolaevitch, son sens de l’organisation, sa ténacité, son exigence envers les autres et envers lui même donnèrent à la chorale une notoriété incontestée, en quatorze années, d’initialement scoute elle devint une chorale liturgique de « jeunes d’origine russe » ouverte à tous, qui chanta dans de nombreuses églises, donna de multiples concerts, accomplit une tournée en Suisse. Un disque 33 tr a été enregistré lors du concert donné en 1964 en l’Eglise Réformée du Saint-Esprit à Paris.

Chant de Noël Maison d'Euphrata

Cantique de Siméon

Hymne des Chérubin

Prokimenon ton 8

Réjouis toi Isaïe

Ad multos annos

Alexis Nicolaevitch Kirianenko prenait également une part des plus actives dans les spectacles créés à Paris – dans la pièce « Le malheur vient de l’esprit » d'Alexandre Griboïedov, mise en scène par l’Association Nationale des Scouts Russes sous la direction de Lydie Nicolaevna Kopniaeff-Doboujinsky et de Rostislav Mstislavovitch Doboujinsky au Cercle Militaire en 1949, où il était Moltchaline. Puis en 1953 dans le « Prince Igor » et en 1962 dans le « Révizor », mis en scène par l’Association des Vitiaz sous la direction des anciens artistes du Théâtre d’Art de Moscou Véra Miltiadovna Gretch et Polycarpe Arséniévitch Pavlov, où il incarna le personnage vivant et coloré du Bourgmestre.

La diversité des activités d’Alexis Nicolaevitch dans le cadre culturel russe s’alliait à une brillante carrière professionnelle. Sorti de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris en 1951, Alexis Kirianenko commença sa carrière d’ingénieur dans la chimie des peintures. Après quelques années consacrées à l’étude et à la mise au point des peintures, il entre au Commissariat à l’Energie Atomique où il est chargé de recherches de métallurgie. Son intelligence et sa puissance de travail lui permettent de s’adapter très rapidement aux aspects expérimentaux et théoriques de la physique du métal. Après de nombreux travaux sur la diffusion dans les métaux (publications à l’Académie des Sciences) qui lui valurent une réputation internationale, il s’oriente vers la microanalyse aux rayons X. Il devient l’un des meilleurs spécialistes français dans le domaine des microsondes électroniques.

Alexis Nicolaevitch Kirianenko est décédé le 6 mai 1965. Lors de son enterrement au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, les chants funèbres alternaient avec le tropaire de Pâques et nombre de personnes ressentaient comme une évidence le fait, que ce qu’il avait créé au cours de sa courte existence continuera de vivre après lui.

L’activité de la chorale qui s’était formée autour d’A.N. Kirianenko se figea pendant environ un an et demi, jusqu’à ce que Valentin Anatolievitch Korelsky, ancien choriste, la relance pour remplacer N. Y. Karandakoff au chœur de l’église de Boulogne-Billancourt toutes les deux semaines. Par la suite, Serge Théodosievitch Spassky fera travailler la chorale pour améliorer sa musicalité et proposera de la renommer en « chorale Saint-Alexis » en hommage à son fondateur.

La veuve d’Alexis Nicolaevitch, Ariane Evguenievna Gabard-Kirianenko relancera les activités de la chorale en 1978.