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Paroisse Saint-Séraphin-de-Sarov, Chelles-Gagny
A la fin des années 1920, une importante communauté d’émigrés russes s’est constituée dans le quartier « des Abbesses », à cheval sur les villes de Chelles (77) et Gagny (93).
Ces « russes blancs » s’étaient retrouvés en France, suite à la Révolution bolchevique de 1917 et la guerre civile qui avait suivi jusque dans les années 20. Certains d’entre eux avaient quitté la Russie plus tôt, pour rejoindre le Corps Expéditionnaire Russe, engagé aux côtés de la France dès 1916, lors de la Première Guerre Mondiale. Il y avait parmi eux une majorité de cosaques, soldats-paysans, originaires de la région du Kouban, située entre le Caucase et le Don. Travaillant sur Paris, mal logés, ils avaient trouvé dans les terrains bon marché, lotis en 1926 par Poliet et Chausson dans le quartier « des Abbesses », une opportunité unique pour pouvoir enfin retrouver un lopin de terre et construire, souvent de leurs propres mains, une petite maison indépendante.
Tous ces émigrés, qui avaient une solide foi orthodoxe, eurent vite fait de se constituer en association cultuelle dans le but de fonder une paroisse orthodoxe. Les statuts précisent à l’article II que l’association « est soumise à l’autorité du Synode des Evêques de l’Eglise Orthodoxe Russe à Sremski-Karlovci, Yougoslavie ». Dès 1933, ils louaient pour un franc symbolique un terrain à Chelles, avenue de Sambre et Meuse, et y construisaient, de leurs mains, une petite église. Celle-ci fut inaugurée le 1er novembre 1933 et consacrée à Saint Séraphin de Sarov. En 1939, la propriétaire voulant augmenter le bail ou vendre le terrain pour un prix jugé trop élevé, les paroissiens démontèrent le bâtiment pierre par pierre et le reconstruisirent à l’emplacement actuel, qu’ils acquirent définitivement en 1950. Le choix du terrain, à cheval sur deux communes et deux départements, n’était pas innocent. En effet, avec une entrée dans chaque commune et département, on évitait les droits d’octroi perçus alors sur les convois funéraires.
Lorsqu’après la deuxième guerre mondiale l’archevêque Séraphim (Sobolev) prit la décision de revenir au patriarcat de Moscou, les paroissiens décidèrent de ne plus dépendre de personne. Cependant la communauté avait besoin de prêtre et, en mai 1949, elle demanda au Métropolite Vladimir (Tikhonicky) d’être accueillie au sein de notre Archevêché.
A ses débuts, l'association paroissiale comptait plus de cinquante membres, et les pensionnaires des deux maisons de retraite russes, de la Croix Rouge Russe à Chelles, et de Zemgor à Gagny venaient s'ajouter aux paroissiens habituels. En effet, le P. Nicolas Ivanov, qui résidait dans la maison de Gagny, desservait la paroisse, et amenait avec lui les pensionnaires de l'établissement. A son décès, la paroisse se trouva sans prêtre, et pendant un temps ce fut l'Institut Saint-Serge qui envoya ses prêtres-étudiants pour assurer les offices.
Puis le P. Alexandre Trofimoff, qui résidait d'abord à Moisenay, et ensuite à la Maison Russe de Chelles, devint recteur de la paroisse. Visionnaire, il se rendait compte de l'évolution de la paroisse, qu'il engageait à se tourner vers des célébrations en français. La pratique du français fut encore encouragée par le P. Nicolas Samarine, qui venait de l'Institut Saint-Serge animer des réunions avec les jeunes de la paroisse.
Lorsque le P. Alexandre tomba malade, le marguillier, Alexandre Nicolsky, eut l'idée de faire appel au P. Jean-Marie Arnould, de la paroisse des Trois Saints Docteurs (Rue Petel), qui accepta de venir, et fut ainsi "prêté" à notre Archevêché par le Patriarcat de Moscou. Le P. Jean-Marie célébra en alternance avec le P. Alexandre, puis le remplaça. Les célébrations passèrent entièrement au français et la paroisse fut déclarée francophone en 1983. Elle passa alors au calendrier Grégorien. Il est à noté que le P. Jean-Marie enrichit la bibliothèque liturgique de la paroisse de livres qu'il reliait lui-même, à partir des textes français en usage au Patriarcat de Moscou.
Mais le P. Jean-Marie luttait contre un cancer qui l'empêchait de parler et de déglutir et il fit appel au P. Georges Bellières, clerc du Patriarcat de Roumanie, et ancien de l'ECOF (Eglise Catholique Orthodoxe de France), qui le remplaça au pied levé et fit vivre la paroisse pendant plus de trois ans.
Le recteur suivant fut le hiéromoine Elisée (Germain), qui est aujourd'hui évêque de Réoutov, vicaire de l'Archevêché. Il célébrait en français une fois par mois et était aidé par un jeune prêtre venu de Bucovine, le P. Adrien Haraha, avec lequel la paroisse se remit aux célébrations en slavon, une fois par mois.
Depuis 2014, le recteur est le P. André Drobot, toujours assisté du P. Adrien. Les offices sont célébrés désormais dans les deux langues, slavonne et française, afin de ne pas diviser la paroisse en deux communautés distinctes.
Si la communauté qui fréquentait l’église à ses débuts était russe, aujourd’hui elle est composée d’orthodoxes d’origines diverses : descendants d’émigrés russes, nouveaux émigrés venus de l’ex Union Soviétique, Roumains, Libanais ou encore Français de souche convertis à l’Orthodoxie.
Les offices sont célébrés deux samedis et dimanches par mois, et pour les grandes fêtes. Les célébrations sont en français et en slavon. La paroisse est revenue au calendrier Julien après avoir constaté, plusieurs années de suite, que pour l’office de la Nativité le 25 décembre l’église était vide, alors qu’elle était pleine le 7 janvier. Les offices dominicaux rassemblent une trentaine de personnes. Les fêtes de Pâques attirent, quant à eux, beaucoup plus de fidèles.