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Paroisse Saint-Serge de Colombelles
La paroisse Saint-Serge de Colombelles fut fondée avec le soutien du métropolite Euloge et à l’initiative de la communauté russe locale. Son noyau était constitué par plusieurs centaines d’anciens combattants des Armées Blanches, recrutés par la Société métallurgique de Normandie (SMN), installée au nord-ouest de Caen sur les communes de Mondeville et de Colombelles. Dès 1925, des prêtres vinrent de Paris célébrer occasionnellement l’office dans des locaux provisoires. En septembre 1926, l’archiprêtre Dimitri Troïtsky fut nommé recteur de la paroisse. En 1927, c’est l’archiprêtre Iakov Ktitarev qui lui succéda.
Contrairement à tant d’autres paroisses orthodoxes russes de France qui durent se contenter pour leurs églises de baraquements ou d’autres locaux mal adaptés, la paroisse de Colombelles put dès 1926 se bâtir, avec l’aide de la SMN, une véritable église en dur, spacieuse et lumineuse, coiffée de la traditionnelle coupole bleue. Ce furent les paroissiens eux-mêmes qui la construisirent et l’aménagèrent durant leur temps de repos.
C’est sous le rectorat du père Mikhaïl Sokolov (1928-1942), lui-même ancien combattant blanc, que la vie paroissiale connut son plus bel essor. A partir de 1930 la célébration de l’office s’enrichit de la participation du père diacre Evgueni Popov. De 1927 à 1939 il y eut chaque année entre 16 et 36 baptêmes. L’église Saint-Serge se para d’icônes (beaucoup peintes par l’iconographe Vassili Sergueïev). Elle se pourvut d’un excellent chœur et organisa une riche bibliothèque. Dans les années 1930 on construisit un véritable clocher coiffant une petite maison de deux pièces, ainsi qu’un bâtiment abritant la salle de réunions de la paroisse. L’enclos paroissial se transforma en jardin parfaitement entretenu. L’école paroissiale accueillit plusieurs dizaines d’enfants. Diverses activités s’organisèrent autour de l’église Saint-Serge, dont des concerts et des conférences. Vers la fin des années 1930 la section locale d’éclaireurs russes organisa des réunions et des camps.
Les années de guerre furent très difficiles. Beaucoup d’ouvriers russes de la SMN perdirent leur travail. Certains durent se résoudre à partir en Allemagne. Fin 1942 le père Mikhaïl Sokolov, nommé rue Lecourbe à Paris, fut remplacé par le hiéromoine Pavel (Golychev), moins apprécié de ses paroissiens. Lors des combats du débarquement de juin 1944 l’église Saint-Serge se trouva au cœur de la bataille entre troupes britanniques et allemandes et subit de nombreux dégâts. Quelques jours après le débarquement une partie de la population locale, dont de nombreux Russes, fut contrainte par les autorités allemandes à une évacuation dans plusieurs localités de l’Orne. Le père Eugène Popov (ordonné prêtre en 1943 et qui sera bientôt nommé à Belfort) tenta d’y organiser des offices orthodoxes.
Sous le rectorat du père Elie Melia (1946-1949), puis du père Dimitri Khvostov (1949-1956), la paroisse Saint-Serge restaura son église et retrouva une vie religieuse régulière. L’école paroissiale rouvrit ses portes. Mais les effectifs avaient fondu, beaucoup de paroissiens étaient partis, en particulier à Paris, D’autres, ayant épousé des non-russes, n’avaient pas réussi à transmettre à leurs enfants un héritage qui, à l’époque, était toujours à la fois russe et orthodoxe. Le père Dimitri Khvostov, tout particulièrement, mit beaucoup d’énergie à rendre vie à tous les aspects de la vie paroissiale, mais il n’y réussit que partiellement avant son départ en Algérie, où il avait été nommé aumônier militaire orthodoxe.
En 1957-1960, le recteur fut le hiéromoine Ioann (Matsi), originaire de Finlande et ex-détenu du Goulag. De 1960 à 1994, sous le long rectorat de l’archiprêtre Vladimir Golounsky et à mesure de la disparition de ses derniers Russes, la paroisse Saint-Serge de Colombelles s’ouvrit à une orthodoxie implantée localement et à une vie liturgique en langue française.
Le projet d’organiser de temps en temps des liturgies en français naît du constat que les familles orthodoxes autour de Caen sont souvent mixtes (catholique/orthodoxe) et de ce fait, le conjoint et les enfants ne comprennent pas le slavon. Ce projet commencera à voir le jour dans la paroisse en 1973, avec l’aide du Père Boris Bobrinskoy et du Père Vladimir qui, voyant de plus en plus de français aux offices, fait l’effort d’apprendre à lire le texte de la Divine Liturgie de St Jean Chrysostome en français.
En 1976, le Père Pierre Tchesnakov prend la succession du Père Boris. A partir de 1980, il vient célébrer régulièrement une fois par mois.
Jusqu’en 1987, c’est la S.M.N., propriétaire du terrain et des bâtiments, qui supportait les frais d’entretien et les charges en eau et électricité. En difficulté, l’usine décide de céder l’église et les bâtiments annexes. Avec l’accord du Père Vladimir qui souhaitait être dégagé des soucis administratifs, il est crée une association culturelle, dont l’objet est d’acquérir et d’entretenir l’église et les bâtiments annexes, l’ensemble étant mis à la disposition de la paroisse. La S.M.N. ayant décidé de mettre fin aux honoraires du Père Vladimir, grâce à l’engagement d’une dizaine de familles, l’association put venir en aide mensuellement au Père Vladimir et à sa famille.
En 1994, le Père Vladimir est hospitalisé. Avec sa bénédiction, le conseil paroissial décide de garder l’église ouverte le dimanche en célébrant un office de « typiques ». Le 17 septembre 1994, le Père Wladimir s’endort dans le Seigneur.
Le Père Pierre Tchesnakov, que tout le monde connaissait, n’étant pas disponible pour des raisons de santé, c’est le Père René Dorenlot, deuxième prêtre à la crypte de la cathédrale, qui devient recteur. Il assure deux vigiles et deux Divines Liturgie par mois, toute la semaine Sainte et Pâques. Il anime souvent une catéchèse en français le samedi après-midi, avant l’office. Les dimanches où il n’y a pas de Liturgie eucharistique, la célébration des typiques est poursuivie. Pendant le Grand Carême, des vêpres sont chantées une fois par semaine. Cela permet, du moins à ceux qui habitent à proximité, une vie de prière communautaire plus soutenue. A partir de ce moment, tous les offices sont en français. Le Père René assumera le rectorat de la paroisse jusqu’à ses 80 ans. Deux ans avant son départ, en 2000, Jean Drancourt, un fidèle qui servait depuis longtemps dans le sanctuaire, est ordonné diacre. Ainsi se renouvelait, 70 ans plus tard, une situation que la paroisse avait connue en 1930 avec l’ordination au diaconat d’un de ses membres, Eugène Popov.
En mars 1996, l’Assemblée Générale décide de transformer les status de l’association pour en faire une association cultuelle.
L’église ayant été inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, à partir de 1992, d’importants travaux de rénovation ont pu être entrepris (ravalement des murs, réfection de la toiture et reconstruction totale du bulbe qui menaçait de s’écrouler) grâce à l’aide de l’Etat, du Conseil Général du Calvados et de la mairie de Colombelles.
En septembre 2002, c’est le Père Pierre Argouet qui devient recteur de la paroisse. Il assure le même rythme de célébration des offices, baptise de nombreux enfants de familles en demande d’asile. Il est aussi très présent dans la représentation de la paroisse auprès des autorités civiles et dans les initiatives œcuméniques locales. Son épouse prend en charge la catéchèse des enfants, la confection et la restauration des ornements liturgiques. Une catéchèse pour adulte a lieu, avec un objectif plus « pastoral » que théorique. Le 10 septembre 2017, en la paroisse de la Sainte Trinité (rue Daru), le diacre Jean est ordonné à la prêtrise après avoir servi 15 ans en tant que diacre. Il sera prêtre desservant aux côtés du Père Pierre pendant deux ans avant d’être nommé recteur.
Aujourd’hui, la paroisse réunit en moyenne une cinquantaine de fidèles aux liturgies dominicales (beaucoup moins aux offices du soir). Elle continue d’attirer des français qui demandent à entrer dans la communion de l’Eglise Orthodoxe. Des fidèles géorgiens sont de plus en plus nombreux à fréquenter la paroisse, dont certains manifestent le souhait de s’intégrer plus fortement dans la vie paroissiale. Paroisse francophone affirmée, c’est néanmoins un bonheur d’exprimer notre désir d’accueillir tout le monde, au-delà des nationalités, en priant le Notre Père à chaque Divine Liturgie en géorgien, arabe, anglais, roumain, slavon et français.