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Ermitage de Tous-les-Saints-de-la-Terre-Russe, Saint-Hilaire-le-Grand
Les fondateurs
L’Ermitage de Tous-les-Saints-de-la-Terre-russe près de Saint-Hilaire-le-Grand en Champagne jouxte le Cimetière militaire du Corps Expéditionnaire Russe en France. Cet ermitage fut fondé par l’archimandrite Alexis (Kireevsky) (1870-1945), qui avait passé 26 ans au Mont Athos, avant d’être appelé en 1925, pour être aumônier d’un couvent et orphelinat russe de la région parisienne. C’est après avoir participé au pèlerinage annuel au Cimetière qu’il ressentit la nécessité d'une prière continuelle pour les officiers et soldats de l'Armée Impériale Russe qui avaient donné leurs vies pour la France au cours de la Première Guerre mondiale et, pour la plupart, étaient oubliés des leurs.
Dès 1930, il acheta sur ses fonds propres une petite parcelle accolée au cimetière, mais il lui fallut encore deux ans avant de pouvoir s’y installer avec deux novices : Josaphat (Dmitri Nikitine) et Barlaam (Victor Karakaï), futurs pères Job (1896-1986) et Séraphin (1894 -1945). Tous deux avaient servi dans l'artillerie pendant la Première guerre et après leur démobilisation s'étaient retrouvés à Paris, où ils étaient devenus les fils spirituels du P. Alexis. Les premières constructions, datant de 1932 (église, habitation et remise), étaient faites de planches et de matériaux de récupération ou achetés aux puces. Le père Alexis avait souhaité que l'église soit dédiée à Tous les Saints de la Terre Russe. Elle fut consacrée en 1932 par le métropolite Euloge (Guéorguievsky), archevêque des Eglises Russes en Europe Occidentale.
Les trois moines suivaient la règle athonite. La vie était très rude, la terre étant peu fertile et la communauté très pauvre. La période de 1940 à 1945 fut particulièrement difficile : ils subirent un incendie en 1941 puis furent évacués et retrouvèrent l'ermitage saccagé à leur retour. Mais grâce à l’aide et la bienveillance des habitants des environs, ainsi qu’au soutien de Russes de l’émigration, leur vie s’améliora peu à peu. Une petite communauté paroissiale se constitua, regroupant les Russes de la région.
L’Ermitage était toujours prêt à accueillir pèlerins et novices, cependant aucun autre moine n’y resta définitivement. Ainsi, lorsqu’en 1945, à quelques mois d’écart, l’archimandrite Alexis et le hiérodiacre Séraphin furent rappelés à Dieu, le hiéromoine Job se retrouva seul.
En 1948, puis en 1958, le P. Job acquit des parcelles de terrain supplémentaires. Une première maison d'habitation en briques fut construite. Deux autres petits bâtiments suivirent, réservés à l'accueil des pèlerins, en particulier des Vitiaz, dont le P. Job était l'aumônier. Le réfectoire fut entièrement décoré par des tableaux représentant des scènes bibliques, exécutés par Ivan Kuleff, accueilli un temps à l'ermitage.
Les années passant, le Père Job, devenu archimandrite, ne put entretenir seul l'ermitage. En 1968, il y accueillit Boris Sokoloff, ingénieur à la retraite, et son épouse. Ces derniers passèrent ainsi une vingtaine d'année, logés dans un préfabriqué, et travaillant à améliorer et entretenir l'Ermitage.
En 1976, soucieux du devenir de l'Ermitage, le Père Job créa l’Association Ermitage. L’Association devint propriétaire de l’Ermitage, avec la tâche de l’administrer en attendant la venue d’autres moines. Les membres de l'Association appartenaient autant à notre archevêché qu'à l'Église Russe Hors-frontières. En effet, l'archimandrite Job était le confesseur du monastère de Bussy et de l’association des Vitiaz et eut de très nombreux enfants spirituels dans toutes les branches de l'émigration. Nombre d'entre eux servent l'Église jusqu'à présent.
La nouvelle chapelle en rondins
Le Père Job avait toujours souhaité remplacer l’église en planches, devenue vétuste, par une église en rondins, dans le style des constructions du nord de la Russie, dont il était originaire. Des plans commencèrent à être élaborés par des amis architectes (Hélène Barraud, Wladimir Lentzy, André Toutounov), sur le modèle d'une petite chapelle de l'écomusée russe de Kiji. En 1984 un nouveau clocher en rondins fut tout d'abord érigé à côté de la vieille église. Puis le projet d’une église en rondins devint réalité, grâce à une artiste finlandaise – Liisa Kuningas, de passage en France pour étudier l’art des icônes russes, auprès de l'Archiprêtre Georges Drobot, fils spirituel du père Job et iconographe. Ce dernier l'emmena visiter l’ermitage, où le Père Job lui fit part de son rêve. Elle fut touchée par le charisme de l'Ancien et, malgré son inexpérience en matière de construction et son manque de moyens financiers, elle comprit que la réalisation de ce projet lui incombait.
De retour en Finlande, elle réussit à communiquer son enthousiasme à d’autres hommes de bonne volonté : Kalevi Munstonen, Oni Villstedt, Arto. Le projet élaboré en France, selon les vœux de l’Archimandrite Job, prit enfin corps en Finlande. Le Père Job, qui suivait le projet pas à pas, n’eut malheureusement pas la joie de voir son église achevée, car le Seigneur le rappela à Lui le 23 juin 1986. À peine trois mois et demi plus tard, le 8 octobre 1986, le chargement arrivait à l'Ermitage.
Liisa et ses amis vinrent de Finlande à plusieurs reprises pour mener à bien la construction de l’église. Sur place ils étaient surtout aidés par le P. Georges Drobot, qui supervisait les travaux avec Hélène Barraud, architecte retraitée, et de nombreux bénévoles, issus à la fois de la population locale et des enfants spirituels de l'archimandrite Job, venus pour la plupart de la Région parisienne. L'église fut consacrée en 1988 par Mgr Georges (Wagner), Archevêque des Églises Russes en Europe Occidentale.
Toutes les étapes de la construction en Finlande et en France, ainsi que l'acheminement depuis la Finlande furent majoritairement effectués par des bénévoles ou des mécènes, pas seulement orthodoxes : architectes, simples particuliers, élèves d'une école d'ébénisterie, transporteur professionnel, agriculteurs champenois. La nouvelle iconostase fut exécutée par l'atelier du P. Georges Drobot, sous sa direction. Y participèrent Fusako Taniguchi, Liisa Kuningas et Anne Hoffalt. Le Christ en gloire, la Sainte Face et la Mère de Dieu de Kazan sont particulièrement caractéristiques du style iconographique du P. Georges. Dans l'église se trouvent également des icônes offertes par d'autres élèves du P. Georges.
En 2002 Lisa Kuningas est revenue avec un petit groupe de Finlandais construire un baptistère qui jouxte l’église.
Vie de l'Ermitage depuis 1986
Au décès de l'archimandrite Job, aucun autre moine n'occupait l'Ermitage. Le P. Job avait cependant laissé un testament spirituel, dans lequel il chargeait l'Association de s'assurer que la divine liturgie fût célébrée au moins une fois par mois, tant qu'aucune communauté monastique ne se serait installée dans les lieux.
De juin 1986 à 2002, ce fut l'archiprêtre Georges Drobot, qui assura les offices liturgiques : une liturgie par mois et, pour les fêtes importantes selon le calendrier julien, vigiles et liturgie. Nathalie Annenkoff, paroissienne Châlonnaise qui aidait auparavant le père Job, faisait office de chantre les dimanches. Pour les grandes fêtes, Jean Drobot, l'actuel protodiacre de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, prenait sa relève.
Dans les années 90, deux familles de réfugiés, les Jevaguine et les Tkatchenko, y furent accueillies, le temps de régulariser leurs situations et de trouver travail et logement.
De 2000 à fin 2003, le rythme des offices se ralentit, suite aux graves problèmes de santé du père Georges: n'étaient plus assurés que les offices des fêtes de la Nativité, de la Semaine Sainte et de Pâques, et de la fête patronale, grâce au dévouement du hiéromoine Nestor (Sirotenko), actuel métropolite-exarque d'Europe occidentale, du père Emmanuel Bachev, du hiéromoine Nicolas (Molinier) et du hiéromoine Prokhore (Spasky). En dehors des fêtes, les paroissiens continuaient à se rassembler à l'Ermitage une fois par mois autour de leur chantre habituel, Nathalie Annenkoff, afin de célébrer l'office des Typiques.
En novembre 2003, le diacre André Drobot, fils spirituel du père Job, fut ordonné prêtre pour desservir l’Emitage. Dès lors les vigiles et liturgies furent assurées deux fois par mois, ainsi que les offices des principales fêtes. Myriam, sa matouchka, remplaça peu à peu Nathalie Annenkoff au chœur.
En 2008, à l'occasion du vingtième anniversaire de la consécration de l'église en rondins, l'Ermitage fut le lieu de la première concélébration entre les hiérarques de notre Archevêché et de l'Église Russe Hors-frontières : monseigneur Gabriel (de Vylder), archevêque des Églises Russes en Europe Occidentale et monseigneur Michel (Donskoff), évêque de Genève et d'Europe occidentale de l'Église Russe Hors-frontières. À cette occasion l'icône miraculeuse de Koursk visitait l'Ermitage pour la deuxième fois.
De 1986 à 2013 l'entretien de l’Ermitage était effectué principalement par les paroissiens locaux, en particulier Sviatoslav Weremienko, Vassily Tkatchenko et Nathalie Annenkoff, la famille du père Georges et quelques amis. Il est à noter que l'Ermitage a reçu également un soutien indéfectible des maires successifs de Saint-Hilaire-le-Grand, en particulier ces dernières décennies Hubert Gangand et Agnès Person.
Depuis le 8 octobre 2013, le moine Philarète (Labit), fils spirituel du père Job et moine pendant 23 ans au monastère orthodoxe de Saint-Job-de-Potchaev à Munich, fait de nouveau vivre l'Ermitage au rythme des offices monastiques quotidiens dans la tradition athonite.
Avant lui il y eut des moines à trois reprise, mais aucun n'était resté plus de quelques mois. D'abord, en 1988, deux novices, Vadim et Viatcheslav Petouchkoff, y passèrent presque une année, mais finalement partirent pour le Mont Athos, où ils finirent leur vie. L'Ermitage doit d'ailleurs à Vadim Petouchkoff deux icônes gravées sur bois (la Saint Face et Sainte Xénia de Saint-Pétersbourg), ainsi que l'inscription gravée sur la poutre au milieu de l'église. Ensuite, vint en 1998 le moine Koukcha, qui rejoignit également la Sainte Montagne. Puis résidèrent en 2005 et 2006 l'higoumène Kronide et le futur évêque Savva (Toutounov) qui repartirent en Russie.
Depuis l'installation du moine Philarète, devenu Ambroise après la prise du grand habit, l'Ermitage s'est embelli. Une chapelle dédiée à l'icône de la Mère-de Dieu d'Iviron y a été construite par Youri Rusak. Elle a été consacrée en 2018 par le métropolite Jean, Archevêque des Églises Russes en Europe Occidentale. Toujours accessible, elle est devenue un lieu de prières pour les orthodoxes et les catholiques de la région. En mars 2019, le clocher a été entièrement reconstruit.
La communauté paroissiale
Jusqu'aux années 1990, la paroisse comptait presque exclusivement des fidèles d'origine russe ou russophones. Avec le temps, sa composition a beaucoup changé et s'est étoffée : elle accueille aujourd'hui des Français, des Moldaves, des Géorgiens, des Serbes, des Roumains. La langue liturgique reste majoritairement le slavon, mais le français commence aussi à être introduit. L'archiprêtre André Drobot dessert l'Ermitage deux fois par mois ainsi que pour les grandes fêtes selon le calendrier Julien. Les offices dominicaux rassemblent une quarantaine de personnes. Les fêtes de Noël, de Pâques, et la fête patronale (deuxième dimanche après la Pentecôte) attirent naturellement beaucoup plus de fidèles.